Source : BOURGEOIS Didier, « Adolescents, surdoués, suicidaires. Un syndrome de Schopenhauer ? », L'information psychiatrique, 2016/1 (Volume 92), p. 9-13. DOI : 10.1684/ipe.2015.1428. URL : https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2016-1-page-9.htm
L’auteur
Psychiatre des hôpitaux PASD, Centre hospitalier de Montfavet, Responsable de pôle, Pôle Avignon Sud Durance, avenue de la Pinède, 84918 Avignon cedex 9, France
Responsable de la Fédération interpoles d’activités psychothérapiques à Médiation Créatrice, avenue de la Pinède, 84918 Avignon cedex 9, France
Didier.Bourgeois@ch-montfavet.fr
Résumé
Adolescent, surdoué, suicidaire. Cette triade symptomatique est rencontrée en clinique, faisant écho au cas Schopenhauer. Sa prise en charge nous apparaît relever d’une approche philosophique, renouant ainsi avec les origines de la psychologie et de la psychothérapie : trouver un sens à l’existence.
Article
En postulant l’existence du syndrome de Schopenhauer, notre propos n’est pas de révolutionner la clinique des états limites mais de mettre en exergue certaines singularités de fonctionnement psychique de sujets que l’on retrouve étiquetés diversement : dépressif anaclitique ou atypique, schizophrène débutant, borderline.
Le but est, sinon une approche thérapeutique adaptée, une compréhension des phénomènes intrapsychiques en jeu, ce qui pourrait permettre une ébauche de démembrement de la constellation borderline.
Dès 2004, avec quelques collègues, nous avions eu l’intuition de quelque chose de cohérent à formaliser, et c’était passé par une communication sur une triade symptomatique, les « adolescents/surdoués/suicidaires » [1]
[1]Boriceanu O, Barlag L, Brossier A, Bourgeois D. Adolescent,….
Le syndrome de Schopenhauer est sans doute tout au plus un Culture-bound Syndrom, syndrome relatif à la culture occidentale, très balisé du point de vue spatio-temporel. Par certains aspects, c’est le cas des états limites dans la mesure où ils relèvent d’une psycho-sociogenèse plus que d’une pathologie biologique [2][
2]On n’a trouvé rien de probant du point de vue biologique si ce….
Ébauche de définition
5État limite (DSM-III) : mode général d’instabilité de l’humeur, des relations interpersonnelles et de l’image de soi-même apparaissant au début de l’âge adulte. Il faut au moins cinq des manifestations suivantes :
- instabilité et excès,
- impulsivité,
- instabilité affective,
- colères intenses et inadéquates,
- menaces suicidaires,
- trouble de l’identité,
- sentiment permanent de vide ou d’ennui,
- efforts effrénés pour éviter les abandons réels ou imaginés,
- ce qui nous intéressera ici, c’est l’item : « sentiment permanent de vide ou d’ennui ».
On est dans une approche structurelle de la personnalité ! Psychose/névrose/état limite [3]
[3]Actuellement, la ligne de démarcation, chez les soignants en….
Ce que l’on repère, ce sont les aménagements économiques, ce sont eux qui font de la clinique des états-limites une stratégie de survie. Survie psychique autant que survie physique, certains patients se vivant comme vidé de désir.
Chez ces sujets, on ne retrouve jamais de jubilation, pas d’éclat de rire si ce n’est dans une parenthèse. On est proche d’un syndrome amotivationnel et celui-ci est parfois renforcé par un cannabisme. Le cannabisme peut être une tentative de lutter contre le sentiment permanent de vide et d’ennui. Il est parfois utilisé comme anxiolytique par les patients, ce qui brouille les pistes.
On retrouve des symptômes spécifiques : aboulie, anhédonie, absence d’élan vital. Cette dysphorie d’essence anaclitique, linéaire, chronique ou cyclique, est souvent étiquetée bipolaire, c’est rassurant pour les psychiatres, on a un traitement pour ça… Nous nous proposons d’en explorer les contours psychopathologiques qui en font une philosophie de vie.
Le syndrome de Schopenhauer renvoie à des sujets, homme ou femme, jeunes souvent, surdoués intellectuellement et émotionnellement (au niveau de l’empathie), positionnement comme un négatif de l’alexithymie ?, mais qui très tôt, trop tôt, ont perçu l’inanité de l’existence. Rien ne les narcissise, tout les dénarcissise !
Exemple D. « J’ai souhaité hier louer un appartement à côté du travail pour vivre ou mourir seule. Bon je n’ai pas le courage. Je ne veux pas me couper une jambe pour agoniser encore plus, mais je suis sûre que tout se fait naturellement. Et dans ces démarches naturelles je me retrouve. Une très bonne nouvelle ne m’ajoute pas beaucoup. Des séquences des mauvaises nouvelles me rassurent de la naturalité de mon destin.
Après j’aime les petits plaisirs. Très bientôt je vais savourer un croissant choco noisette avec un café tout chaud. Hummmmm. Je comprends mieux pourquoi j’aime autant ces petits plaisirs, car c’est l’enfer la grande vie !!! »
D, jeune patiente, intelligente, cultivée, juriste internationale mais plongée dans un mal-être si important qu’elle a fait des tentatives de suicide, qu’elle expérimente des conduites ordaliques sexuelles. Stabilisée, elle a pu déménager dans une autre ville tout en restant en contact avec nous, via des mails. Un jour, depuis le métro parisien, elle nous adressa le message suivant : « Je lis un livre, c’est formidable l’auteur, c’est moi ! » Elle lisait du Schopenhauer. Ces patients jeunes surdoués suicidaires sont dans une malvie. Cela engendre chez eux un spleen, un tædium vitæ [4]
[4]Le concept de taedium vitae (dégoût/fatigue de la vie) est né…, un désespoir au sens étymologique. Il n’y a pas de perte d’élan vital (comme dans la dépression), il n’y a jamais eu d’élan vital. Il y a une viduité. Le trouble est en général repéré au début de l’âge adulte. C’est souvent par l’émergence d’une symptomatologie psychiatrique que le sujet est amené à consulter : tentative de suicide, addiction.
On peut croire en une dépression (atypique en référence à la nosographie classique). De fait, ces sujets n’ont jamais vibré. Ils ont passé une enfance apparemment normale mais rétrospectivement, ils le disent eux-mêmes, ils n’ont jamais été heureux. Et on ne retrouve pas forcément le traumatisme désorganisateur précoce attendu (abus sexuel, abandon, honte), ni de fracture dans leur vie. Ces sujets peuvent être issus d’un entourage ordinaire (c’est-à-dire non pathogène), si ce n’est qu’ils n’ont pas pu (su) l’apprécier, s’en nourrir et s’en construire. On voit une ébauche de démembrement de la constellation borderline mais on est toujours dans la notion d’état limite dans la mesure où la problématique centrale est du registre narcissique sans la psychogenèse attendue.
Ces sujets ne savent pas être dupes d’une existence finie, limitée dans le temps et donc vaine par avance. Ils ont dépassé l’ivresse de la page blanche, lorsque tout est possible. Si leur vie n’est pas parfaite, infinie en tout, elle ne vaut pas la peine d’être vécue. « Les non dupes errent » disait Lacan. Le tædium vitæ fait classiquement partie du cortège clinique de la mélancolie mais il est avant tout pour les Schopenhauer une philosophie de la vie. Ils ne sont pas dans l’envie, ils sont dans l’a-vie ! On retrouve ce qu’on peut appeler faute de mieux une certaine mégalomanie. Mais ce n’est ni celle du paranoïaque, ni celle du maniaque. Ces sujets n’ont qu’un projet de vie, désir, être extraordinaires, ou rien, laisser une empreinte formidable, ou rien. Être surdoués intellectuellement ne veut pas dire qu’ils ont réussi socialement, mais ce peut aussi être le cas, cf. la problématique de l’éducation et de l’orientation des enfants surdoués. Même si c’est le cas, leur réussite ne les comble pas. Ce sont des sujets dotés d’une très bonne capacité d’abstraction, de raisonnements logiques et d’une curiosité intellectuelle importante. Ils veulent comprendre le monde, un monde qui les dérange par son existence même. Ils veulent aussi le marquer. Ils n’ont pas un défaut de mentalisation, leur mentalisation est « autre ». Ils sont attirés par la philosophie, l’histoire, les sciences sociales, voire les professions « psy ». Ils ont ainsi rapidement « fait le tour » de la question de leur être-au-monde, ayant acquis en partie la lucidité qu’un sujet en fin de vie pourrait avoir, faite de renoncement, de regret, de nostalgie et aussi de l’acceptation. Ce qui fait que l’on puisse mourir sereinement, devenu vieux ou choisir de mourir, ils l’ont accompli à 20 ans et dès lors, comment survivre, pourquoi survivre ? On touche aux questions essentielles du siècle. Que va-t-il rester de nous, à l’échelle individuelle, de l’espèce, de la vie, c’est une interrogation cosmique. Changer d’échelle suffit pour relativiser notre existence, donc notre essence. Que reste-il d’essentiel lorsque l’existence est vaine [5][5]La question de la disparition rejoint celle de la conservation.… ? On retrouve chez les sujets Schopenhauer, un noyau mélancoliforme, non réprimé. On a l’habitude de rencontrer des formes d’expression mélancolique après la maturité, ce qui correspond à l’âge de début des troubles bipolaires, ainsi que la mélancolie à l’œuvre dans certaines dépressions « organiques ». Ceci pose la question, peu abordée jusqu’alors de la constitution de ce noyau. À partir de quoi se forme-t-il ? On peut évoquer :
- l’angoisse du 8e mois,
- la position paranoïde dépressive de Mélanie Klein,
- le renoncement œdipien,
- le renoncement à la sexualité infantile,
- un noyau d’essence psychotique,
- des rapports avec l’estime de soi…
« Je n’ai pas ma place dans le monde et le monde n’a pas besoin de moi », écrit D.
Comment « faire le deuil du deuil », pourquoi accepter de vivre. C’est la question du renoncement que l’on retrouve aussi chez certains grands mystiques. Mais dans ce cas, le renoncement aurait un sens, il est suggéré par l’espérance d’un au-delà extraordinaire. Chez les Schopenhauer, on est dans la désespérance, non pas le désespoir mais l’anéantissement du sens de la vie. Penser cela à 20 ans, est-ce normal ? La pulsion de vie est en question. Elle a un sens qui reste obscur, y compris pour les freudiens. Elle est pour partie une pulsion sexuelle, une pulsion d’auto-conservation (libido narcissique) à mettre en perspective avec la pulsion de mort : la dualité pulsionnelle Éros/Thanatos (opposition apparue tardivement dans la pensée de Freud, 1924-28) est mise en jeu. Cette perception lucide de l’inanité de la vie pourrait, à sa façon, être un organisateur au sens de Spitz nécessaire à l’enclenchement d’une étape de la vie. Mais là, il y a une hyperprécocité du « passage obligé ». En ce sens, logiquement, un organisateur doit être acquis ni trop tôt, ni trop tard.
15Ces sujets se présentent cliniquement comme des sujets en souffrance et en questionnement, ayant acquis une distorsion de l’estime de soi (ce qui les rapproche des sujets borderline par, parfois, la mise en place d’un faux-self défensif fait de cynisme hyperthymique, mais dont ils ne sont pas dupes non plus). Il ne s’agit non pas d’une faible estime de soi comme la plupart des borderline, ce qui renvoie aux notions d’abandonnisme et de carence narcissique, mais d’une faible estime de leur place dans le monde qui se traduit non pas par un vécu paranoïaque de préjudice qui serait protecteur mais par un désinvestissement d’eux-mêmes qui peut passer pour de la dépression.
La thérapie est à la fois, mais pas seulement ça, une archéologie des passions et une téléologie. En ce sens la question du sens de la vie, de leur vie, se pose. C’est la question du projet d’existence : cf. le « No future » des punks. La télélogie est arrangement prospectif, dès lors, le processus thérapeutique doit prendre en compte le Télos, le devenir. C’est la question du devenir conscient, inconscient. La psychologie demande : comment l’homme sort-il de l’enfant ? La philosophie répond : en devenant capable d’un discours signifiant sur lui-même, par la culture, par la mise en place de valeurs, d’une morale… C’est l’espace de la destinée. Quel est notre destin ? Comment le prendre en marche s’il existe, comment le convoquer s’il est dans les limbes ? Il n’est pas question de le créer, ce serait être son propre démiurge. Parfois c’est au prix de conduites à risque, comme D., que nos patients cherchent le sens ou la justification de l’existence, c’est-à-dire la conscience de soi.
Et les surdoués ?
Les patients Schopenhauer sont souvent des surdoués. Ils ont de grandes difficultés à appréhender leur vie intérieure, leurs émotions par exemple, mais aussi le monde qui les entoure. Leur lucidité extraordinaire leur permet une perception inhabituelle du monde, elle peut aussi les fragiliser. La difficulté d’être un adulte surdoué peut s’aborder sous deux angles : celui, essentiel, de la lente construction de soi, de sa personnalité, de l’image que l’on a de nous-mêmes et qui détermine notre rapport aux autres, mais aussi sous l’angle plus spécifique des particularités du fonctionnement psycho-relationnel des surdoués. Ces singularités, déjà présentes dans l’enfance, vont devenir des façons d’être au monde qui peuvent compliquer une existence. L’intrication est étroite entre le parcours de l’enfant surdoué que l’on a été, et l’adulte que l’on devient.
Ce qui est spécifique ici, c’est l’intensité de chacune des expressions de soi. Et la souffrance qui peut y être associée. Le positionnement ordalique existe physiologiquement à l’âge adolescent, il s’étaye sur une immaturité affective avec recherche des limites, ce qui aide à construire le narcissisme, et il a tendance à s’estomper avec la maturation affective et la possibilité de réinvestissements libidinaux narcissisant et socialement acceptable (relation affective, études, travail). Ces investissements aident le sujet à s’ancrer dans la réalité. Un échec à ce niveau peut contribuer à un effondrement narcissique personnel, avec un retentissement clinique bien repéré : phobies sociales, état dépressif, angoisse, vécu de préjudice, selon les personnalités sous-jacentes et le tes tempéraments. Dans ces cas, la prise en charge psychothérapique est de l’ordre de l’étayage, de la suppléance et de la restauration narcissique. Chez les Schopenhauer, le positionnement ordalique est associé à une grande maturité affective, à la connaissance exacte du mystère de la mort, qu’ils aient été ou pas confrontés à celle-ci durant leur existence réelle (mort d’un proche, accident) et il y a comme un refus de jouer le jeu des engagements libidinaux : « À quoi bon ? » Non, la problématique principale est le refus de vivre. Et on n’est pas non plus dans un positionnement mélancolique.
Les traitements
Les antidépresseurs marchent mal ; en tout cas ils ne rincent pas ce positionnement dépressif. Il n’y a pas de recul avec l’ECT. Les normothymiques sont également peu efficaces. Là encore, on n’est pas dans une bipolarité ou une unipolarité sensible à ces molécules. Seuls fonctionnent bien les anxiolytiques, au prix d’addictions rapides (benzodiazépines, alcool qui est un grand anxiolytique !). On est donc réduit à imaginer le traitement d’une angoisse existentielle au sens propre. Donc une « philosophie thérapeutique ». Sans se priver des traitements symptomatiques bien sûr. Comme dans toute philosophie, il faut se poser la question des plaisirs en jeu. Quels sont-ils ? Quels sont les plaisirs en jeu ?
- Intellectuel, pulsion épistémophilique,
- artistique pulsion créatrice,
- physique,
- extatique parfois !
Vignette clinique. Citons D : « Une crise existentielle (comme la mienne ?). C’est être dégoûté de la vie comme elle est. Je vois plutôt qu’il y a des gens qui ne savent pas “connecter” son monde subjectif intérieur avec le monde extérieur. Du coup on est qu’une seule personne qui doit répondre à deux besoins (celui de l’intérieur et l’extérieur) et que sans corrélation entre ces deux mondes il y a tout qui perd le sens. C’est moi par exemple. Au milieu d’une activité dite “extérieure” comme travailler pour gagner de l’argent il y a mon intérieur que se demande ce que j’ai fait avec mes rêves de faire une autre chose. Mais je me rends compte que je ne pouvais pas faire autrement car il fallait cette connexion (moi, mon monde intérieur et l’extérieur) que je ne suis pas capable d’établir depuis petite. »
Et pour conclure
Il y a peu de mystère dans une existence : le mystère de la vie, celui de l’amour, et celui de la mort. Le mystère de la mort interpelle et nous développons tous notre approche personnelle ; névrotique, mystique… Celui de l’amour est une autre histoire ! Le mystère de la vie, ce n’est pas seulement la constatation brute que l’on est en vie mais c’est surtout celui de la quête du sens de cet état, éphémère, mais conditio sine qua non des deux autres mystères. Pourquoi je vis, pour qui je vis ? Les Schopenhauer se coltinent chaque jour à ce mystère de la vie. Nos métiers ne sont pas simples. Des tentatives pour les réduire à l’acceptable existent. Face à ces syndromes de Schopenhauer, nous ne nous en tirerons pas par une simple prescription médicamenteuse réactionnelle, sans négliger bien sûr de prendre en compte une dimension suicidaire, d’apaiser une crise anxieuse etc. La thérapie est une co-construction dont ni le thérapeute, ni le patient ne sortent indemne, et c’est tant mieux. La thérapie, on le sait, ne peut être que téléologique, et réciproque. Appliquée à ces sujets, elle redevient un acte philosophique, ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être d’ailleurs. Une philosophie en action, un entrecroisement de questionnements, de mise en abyme de nos questionnements. Une fraction d’humanisme. Comme partout, l’intérêt du voyage n’est pas le but, le but nous le connaissons que trop, l’intérêt, c’est le voyage, ses méandres. Débusquer de la vie, réactiver des sources chaudes ou brûlantes qui étaient endormies. Voici une redéfinition du travail thérapeutique.
Liens d’intérêts
l’auteur déclare ne pas avoir de lien d’intérêt en rapport avec le texte.
Notes
- [1]Boriceanu O, Barlag L, Brossier A, Bourgeois D. Adolescent, surdoué, suicidaire, une nouvelle triade symptomatique du malaise social ? Montfavet : Communication à la 16e Journée de la SPMSEM, 13 mai 2004.
- [2]On n’a trouvé rien de probant du point de vue biologique si ce n’est une méthylation moléculaire plus importante chez les sujets ayant subi des violences durant leur enfance. Sociogenèse car l’important dans les EL, c’est la prise en charge de la carence narcissique fondamentale et notre époque est très pourvoyeuse de carences narcissiques, ce qui se retrouve par exemple à travers les revendications identitaires polymorphes actuelles (politico-religieuses, groupement par orientation sexuelle, etc).
- [3]Actuellement, la ligne de démarcation, chez les soignants en psychiatrie, passe entre ceux qui postulent l’existence d’une structure de personnalité, quelle que soit l’obédience et ceux qui ne s’y réfèrent pas tout en prescrivant des « antipsychotiques ». Pour eux, la psychose est une maladie au sens kraepelinien, pas l’expression pathologique d’une structure psychique.
- [4]Le concept de taedium vitae (dégoût/fatigue de la vie) est né de la pensée du philosophe stoïcien, Sénèque le jeune. Taedium vitae est également le titre d’un essai de Hermann Hesse (1908), prix Nobel de littérature et d’un poème d’Oscar Wilde.
- [5]La question de la disparition rejoint celle de la conservation. On est là dans la névrose : – sépulture de la plus humble aux pyramides égyptiennes, embaumement, de Ramsès à Lénine et Chavez !, cryogénisation. On est là dans le délire ? Plus simplement la plaque funéraire (que reste-il d’un être ?) ou la diamantisation comme pratique funéraire, le diamant obtenu par carbonification purification peut y compris être envoyé dans l’espace interstellaire ; – dé-nomination : détruire le nom contenu dans un cartouche hiéroglyphe suffisait à dissoudre un mort honni. Ceci fait écho à la mélancolie sadienne : Sade a désiré se faire enterrer dans un bois, sa tombe semée de glands se trouvant rapidement dissoute dans la nature. On est là dans la perversion.
Mis en ligne sur Cairn.info le 10/02/2016